L'édition numérique... en 1998
Un nouveau paysage éditorial : L’édition numérique
A partir d’un entretien avec MICHEL BARROT,
Responsable d’édition et Directeur-adjoint du C.R.D.P. de Poitiers
Tous en scène !
« D’ici à quelque mois, il nous faudra composer avec le DVD-ROM » affirme Michel BARROT. Dernier-né des disques compacts, il est un plus pour les éditeurs de titres « lourds » dont le contenu ne pouvait loger sur un seul CD-ROM : encyclopédies, jeux avec séquences filmées, etc. Une forme hybride pourrait même faire son apparition, conjonction du DVD video et du DVD-ROM, pour assurer la ligne éditoriale des prochaines décennies : plus d’interactivité, pour plus de culture.
Toutefois, étant donné les investissements nécessaires et sûrement la relative faiblesse du parc de lecteurs numériques dans les foyers, les éditeurs ont encore du temps pour se donner les moyens d’investir ce secteur. En outre, l’écrit présente encore un confort supérieur : tourner les pages, ne pas affronter les difficultés techniques nouvelles ni la luminosité et le bruit des machines. C’est pourquoi on peut avancer aujourd’hui (mais pour combien de temps ?) que le web, multimédia « on-line », s’impose actuellement comme un produit d’appel supplémentaire. Au contraire, c’est le multimédia « hors ligne » qui est destiné à tenir la place d’un produit culturel de première importance.
L’élaboration du CD-ROM, est onéreuse : Elle exige un travail d’équipe comparable au milieu du cinéma. Michel BARROT précise : « A l’auteur du texte on doit associer un scénariste, voire un dialoguiste et un ‘‘designer’’, pour transformer un texte en ligne traditionnel en quelque chose de tout à fait interactif. L’auteur doit devenir lui aussi un ‘‘chef de projet’’ au même titre que l’éditeur. Là-dessus s’ajoutent les difficultés propres au développement numérique qui nécessite à son tour l’intervention d’infographistes et de programmeurs. Le produit final coûte donc cher, de 1 à 2,5 millions... Et il faudra pourtant s’efforcer de garder un prix attractif pour le client ! »
L’exemple du Centre Régional de Documentation Pédagogique
Le produit pédagogique est plus léger à réaliser. Pour exemple, le produit culturel sur le Musée du Louvre a coûté 1 million de francs. « Ici, nous pouvons compter sur une budgétisation à hauteur de 200 000 francs. De telle sorte qu’il faut actuellement écouler aux environs de 1000 exemplaires pour faire une opération blanche. En terme de recettes, le CD-ROM pédagogique est incertain » souligne M. BARROT.
Les logiciels éducatifs sont de deux types : les uns destinés au grand public, couvrent des domaines aussi larges que l’accompagnement scolaire, cours structurés ou références encyclopédiques ; les autres plus spécialisés concernent directement les enseignants pour la préparation des cours selon les exigences du programme en vigueur. On trouve là les travaux d’accompagnements que l’observatoire parisien du CNDP souhaite voir réaliser.
Le travail d’équipe s’impose localement ensuite : l’enseignant jouera le rôle de pilote interne pour suivre l’avancée du projet au travers des activités des infographistes et informaticiens (en sous traitance). « De ce point de vue, ajoute M. BARROT, il ne s’agira que d’une extension de nos sollicitations actuelles. Les collaborations externes existent déjà pour l’imprimerie notamment. Pour cette raison nous avons quatre projets en gestation : sur la biologie humaine ; la géographie (la ville américaine) ; les civilisations médiévales ; la poésie contemporaine. Quoi qu’il en soit, et même si le marché demeure difficile à cerner pour l’instant, obligation nous est faîte d’être présents sur ce nouveau secteur culturel et pédagogique ».
Dany Sénéchaud (1998)
Lexique
CD-ROM : compact disc read only memory
DVD-ROM : digital versatile disc read only memory
WEB : « toile d’araignée mondiale »
